Colloque de 2012

OSTEOPATHIE ET TRANSDISCIPLINARITE


Le squelette humain dans tous ses états


24 au 26 mai 2012

Paris - Marne la Vallée

Ecole Supérieure d'Ostéopathie







POSTERS :



RESUMES :

Pour la première fois dans le contexte de l'ostéopathie française, sous la houlette de l'Ecole Supérieure de l'Ostéopathie de Paris Marne la Vallée, et la présidence du professeur Yves Coppens, un symposium international ostéopathie et transdisciplinarité, le corps humain dans tous ses états, a été organisé dans le but de présenter non seulement les dernières recherches en posturologie mais également de confronter les méthodes dans le domaine de l'équilibre postural des bipèdes entre la communauté des chercheurs travaillant sur les fossiles des hominidés (paléontologues, paléoanthropologues, paléopathologistes) et celle des thérapeutes et autres cliniciens s'intéressant à la posture et à son dérèglement de nos contemporains (orthopédistes, chirurgiens, orthodontistes, posturologues, ostéopathes). Les 8 séances (voir programme) ont donné lieu à des présentations de grande qualité dans le domaine de l'évolution des hominidés (locomotion, équilibre occlusal et troubles posturaux, croissance, adaptation, dynamique cranio-faciale) et dans celui des de la réflexion et de l'innovation thérapeutiques (dynamique cellulaire, nouvelles analyses orthopédiques, méthodes posturales, imagerie 3D ...).

Les débats ont tout autant été riches d'enseignements et d'échanges d'idées.

Les résumés qui sont présentés ci-dessous vous donneront un aperçu des différentes communications.


Journée du 24 mai 2012


Ezio M. Insinna, Bioera - Bioelectronics Research Association

Les dispositifs « énergétiques » en reprogrammation posturale

Depuis quelques années on note un intérêt croissant dans l'utilisation d'un dispositif podal soi-disant « énergétique » dans ce qu'on appelle la « reprogrammation posturale ». Il existe plusieurs de ces dispositifs sur le marché, mais les principes scientifiques à partir desquels ils sont censés fonctionner restent encore aujourd'hui très flous et cela principalement à cause des théories obscures divulguées par certains des inventeurs. Le but de cette présentation est d'esquisser des nouvelles fondations théoriques et scientifiques plus cohérentes afin de dissiper la confusion existante au sujet de ces dispositifs et d'en élargir leur domaine d'application.

Mots-clés : reprogrammation posturale, dispositif podal énergétique



Sandra Joffroy, maître de conférences, université Paul Sabatier, Toulouse, ITO

Posture et psychomotricité humaine : une explication du développement cognitif à travers une traversée

This study investigated the postural adaptations across Human evolution. Thus, the question of cognitive development appeared like a major resources to explore the environment such as an arm of a sea. Why, one day, Human decided to cross an arm of the sea? The question is not easy to answer, but we propose a modern model of response based on a historic sporting event of long from Cape Breton (Canada) to Capbreton (France) on a paddle board. Numerous biomechanical parameters related to action of rowing were analyzed such as the rhythm, intensity and form of the pressure signals throughout crossing. These parameters have therefore contributed to characterize the dynamics of postural balance rescuers. The signals were collected in relation to psycho-physiological parameters which reflect the stress level of rescuers during the crossing. The results were correlated with Human evolution in natural but also hostile environment. Everybody knows very well that "who risks nothing has nothing" and "nothing venture, nothing gain". These affirmations are they programmed in our evolution?

Key words : posture, psychomotricity, development



Laurent Stubbe et Antonin Le Quiniou, ostéopathes, laboratoire de recherche ESO

Influence du sol lors des mesures réalisées avec une plateforme de stabilométrie : Analyse comparative d'un sol normé vs sol aléatoire

L'objectif de l'étude est d'évaluer l'influence du sol sur les mesures d'une plateforme de force « sol normé versus sol aléatoire ». L'étude a été menée sur vingt sujets âgés de 21 à 27 ans, de taille comprise entre 1,65 m à 1,92 m et de poids compris entre 45 et 100 kg. Chaque sujet a été évalué - suivant les normes AFP85 - à 10 reprises, sur sol normé et sur sol aléatoire. La population a été répartie en deux groupes par tirage au sort déterminant l'ordre de passage A (sol normé puis sol aléatoire) et B (sol aléatoire puis sol normé). Après vérification de la comparabilité des deux groupes et de l'effet ordre, les données des deux groupes A et B ont été réunis, chaque sujet devenant son propre témoin.

Le sol normé est un marbre expérimental en fonte de planéité précise à ± 0,04 mm. L'horizontalité du marbre est obtenue par le réglage micrométrique des pieds et un niveau à bulle de haute précision 0,02 mm/m. Le sol aléatoire correspond au sol à priori plan, non contrôlé sur lequel la plateforme est susceptible d'être utilisée habituellement (sol du laboratoire).

Les paramètres X moyens et Y moyens ont permis de mettre en évidence une différence significative dans les mesures entre sol normé et sol aléatoire. En effet, les mesures sur sol normé ont tendance à être plus centrées que les séries de mesures sur sol aléatoire. D'autre part, en comparant nos résultats aux normes AFP85, nous nous sommes aperçus que le paramètre X moyen est plus proche de la normale sur sol normé que sur sol aléatoire alors que le paramètre Y moyen a tendance à dépasser la limite supérieure des normes AFP85 sur sol normé. La projection des forces de réactions au sol est modifiée entre les deux sols. Nous avons également observé qu'une partie des mouvements semblait être absorbée par le revêtement du sol aléatoire modifiant les calculs de vitesse et de déplacement. En conclusion, pour obtenir des résultats précis et reproductibles, une plateforme de force doit être positionnée sur un sol parfaitement horizontal, avec une très bonne planéité.

Mots clés : posturologie, stabilométrie, statokinésigramme, plateforme de force, normes de construction et d'utilisation, Référentiel



Elsa Boudot, Laurent Stubbe, ostéopathes, laboratoire de recherche ESO

Influence du sol lors des mesures réalisées avec une plateforme de stabilométrie : Analyse comparative de quatre différents types de sol

Introduction : La stabilométrie, étude de la posture érigée, quantifie les troubles de l'équilibre en enregistrant les oscillations du centre de pression sur une plateforme de force.

De nombreuses études, notamment dans le milieu paramédical et ostéopathique utilise comme moyen d'objectivation ce type d'instrument.

Outil de bilan selon la littérature, la bonne reproductibilité de l'examen est dépendante d'un protocole strict à appliquer. La norme AFP 85 émise par P.M. Gagey en 1986 propose une manière conventionnelle à la bonne utilisation de ces plateformes et une liste de résultats d'une population dite « normale » permettant de comparer les résultats obtenus à partir d'une population dite « anormale ». Même si aujourd'hui cette norme fait l'objet de nombreuses contestations, elle reste néanmoins la référence en matière de mesure stabilométrique. Néanmoins, le protocole expérimental émit par la norme AFP 85 ne précise pas le type de sol sur lequel la plateforme doit être placée lors de prises de mesures. L'étude expérimentale de A. Le Quiniou montre l'incidence délétère que peut avoir le sol sur lequel les prises de mesures sont effectuées.

Les résultats indiquent la variabilité des mesures entre un sol aléatoire dont l'horizontalité n'est pas respectée et un sol normé dans les paramètres X-moyen, Y-moyen, Surface et LFS. D'après ces éléments, l'analyse des conséquences d'un sol aléatoire sur des prises de mesures à l'aide d'une plateforme de stabilométrie serait nuisible aux résultats. Par conséquent, les questions qui se posent sont : Quel est la répercussion de l'utilisation de la plateforme stabilométrique placée sur des revêtements à usé habituel dans les laboratoires? Sommes-nous dans l'obligation d'utiliser un marbre pour effectuer les mesures avec plateformes, ou pouvons-nous seulement faire attention au revêtement de nos laboratoires d'expérimentation ? Le but de cette étude est de mesurer l'influence de différents types de sol : parquet, linoléum, moquette, carrelage, sur des mesures prises avec la plateforme de stabilométrie.

Matériel et méthode : Recrutement d'une population de 20 sujets au sein de la clinique ostéopathique de l'ESO Champs-sur-marne, agé de 26 ± 3ans, de masse de 70 ± 14, de taille de 171 ± 8cm. Chaque sujet à effectuer 4 prises de mesures sur chaque sol : carrelage, linoleum, moquette et parquet. Chaque prise de mesure à durer 51,2 secondes avec une fréquence d'acquisition des données de 40 Hz. Les sujets ont effectués les séries de mesures selon un ordre de passage différent en fonction des types de sols régit par une table de randomisation à 4 éléments.

La plateforme de stabilométrie Techno Concept® a été utilisée en suivant les conditions d'applications prescrites par les normes AFP85.

Résultats : L'analyse graphique et statistique des résultats montre clairement des différences significatives entre les 4 groupes de sols. Le type de revêtement placé sous la plateforme à un effet hautement significatif sur les quatre paramètres étudiés : X-moyen, Y-moyen, Surface et LFS. Pour les sols à densité élevés tel que le carrelage et le parquet, la représentation des moyennes des X-moyens montre que les mesures ont tendance à être plus centrées sur la valeur moyenne des normes AFP85 et que la représentation des Y-moyens tend à être au-dessous de la normale supérieure des normes. Pour le paramètre LFS et la Surface les moyennes augmentent significativement par rapport aux autres types de sols. Pour les sols à densité moindre tel que le lino et la moquette, les moyennes des X-moyens montrent que les mesures se situent près de la limite inférieure des normes AFP85 alors que les moyennes des Y-moyens se rapprochent de la valeur normale des normes.

Conclusion : Ainsi, il apparaît que les prises de mesures sur sol à densité moindre auraient globalement tendance à déplacé le centre de pression vers la gauche et l'arrière, et à diminué les oscillations. Alors que sur les sols à densité plus élevé, le centre de pression aurait tendance à ce recentrer sur l'axe antéro-postérieur et sur l'axe droite-gauche et à augmenter les oscillations des sujets. Cette étude montre l'incidence délétère d'un sol à densité minime, et prouve qu'il est primordial de prendre en considération le type de revêtement lors de prises de mesures avec une plateforme de stabilométrie.



Yannick Huard directeur académique, laboratoire de recherche ESO

Troubles de la marche du sujet âgé sédentaire - Apport du traitement ostéopathique

Objectifs : La prévalence de la chute devient élevée avec l'âge de l'individu, pour concerner une personne sur trois à partir de 65 ans, puis une sur deux à partir de 80 ans. L'entrée progressive du sujet âgé chuteur vers la dépendance entraîne un sentiment d'abandon associé à la perte d'autonomie. Les spécialistes s'accordent sur la nécessité d'une prise en charge pluridisciplinaire de ce problème de santé public et mettent l'accent sur la détection de la fragilité du sujet chuteur. L'Ostéopathie, en tentant d'agir sur les troubles de la marche, peut-elle s'inscrire dans cette démarche préventive ?

Méthodes : Une étude clinique a été conduite sur des sujets âgés, sains mais sédentaires (19 femmes et 14 hommes, âgés de 64 à 72 ans) afin d'évaluer l'incidence d'un traitement ostéopathique à but préventif sur :

- la stabilité de la posture ;

- la qualité de la marche.

L'analyse a porté sur la comparaison de deux groupes :

- un groupe « chuteur » comprenant les sujets ayant connu un épisode de chute dans les trois derniers mois (groupe traité) ;

- un groupe « non chuteur » comprenant les sujets n'ayant pas chuté durant l'année (groupe témoin).

Résultats : L'analyse stabilométrique comparative de la posture chez des sujets âgés de plus de 64 ans montre que les sujets chuteurs concentrent leur appui bipodal sur une surface plus faible mais en dépensant plus d'énergie pour se stabiliser. De plus, l'analyse confirme que cette stabilité relative est éminemment dépendante de la vision.

L'analyse clinique comparative de la posture chez cette même population montre que l'équilibre, selon les tests Functional reach test et Appui unipodal, est fortement altéré chez les sujets chuteurs.

L'analyse clinique comparative de la qualité de la marche chez les sujets âgés de plus de 64 ans révèle, avec le test Timed up and go (aussi appelé Get up and go), que les sujets chuteurs sont plus hésitants et bien moins véloce par altération de la régularité de leurs foulées.

Enfin, l'analyse comparative de toutes ces données chez les sujets chuteurs, avant et après traitement, montre une incidence favorable du traitement ostéopathique.

Conclusion : A partir de résultats obtenus chez une population de 33 sujets, il ne peut pas être décrété une règle absolue. Pour autant, il est intéressant de constater que les sujets chuteurs de cette population ont tendance à contrôler leur posture à l'aide de leurs yeux et demeurent fragilisés si aucune prise en charge ne leur est proposée.

Une analyse approfondie de l'incidence du traitement ostéopathique sur l'organisme, notamment les muscles et articulations du système locomoteur, permettrait sans doute de justifier son intérêt auprès de sujets susceptibles de chuter.

Mots clés : personne âgée, marche, posture, chute, ostéopathie.



Djillali Hadjouis, archéologue départemental, Pr de paléontologie ESO

Occlusion et biodynamique cranio-faciale des populations modernes du Bassin parisien

Les analyses paléoanthropoloqiques de la morphogenèse biodynamique du crâne et de la face ainsi que celles qui portent sur les équilibres posturaux des populations archéologiques provenant du département du Val de Marne se sont basées sur une imagerie d'environ 200 squelettes crâniens en articulation (calvarium et mandibule). Parmi les résultats des tableaux architecturaux fournis par ce type d'études, on retrouve des dysmorphoses dento-squelettiques qui montrent des différences notables avec les populations contemporaines, certaines livrant des tableaux architecturaux de dysharmonies primitives de type extension, d'autres des dysharmonies primitives de type flexion. Concernant ce territoire, certaines populations médiévales provenant des nécropoles sont caractérisées par leur morphologie typiquement endogame qui les distingue des autres populations. Ainsi, asymétries crânio-faciales et autres types de torsion, de craniosténoses ou de déformation intentionnelle du crâne influencent d'autant plus la croissance cinétique de la base du crâne. C'est le cas de la population ultrabrachycéphale de la Queue-En-Brie qui se détache complètement des morphologies crâniennes qui composent les peuplements médiévaux des villages du sud est parisien. L'étude paléoanthropologique et paléopathologique réalisée sur les vestiges squelettiques (certains sont en cours) de 6 nécropoles (église Sainte-Colombe de Chevilly-Larue, église Saint-Cyr/Sainte-Julitte de Villejuif, parvis Saint-Christophe de Créteil, Ivry-Parmentier 2 à Ivrysur- Seine, église Saint-Nicolas de La Queue-en-Brie, cimetière protestant de Charenton à Saint-Maurice) a mis en évidence non seulement les désordres occlusaux et les déséquilibres architecturaux du crâne et de la face mais également les corrélations avec les dysfonctions des anomalies articulaires du squelette post-crânien. Ainsi le croisement de la pathocénose avec la croissance architecturale des populations anatomiquement modernes, contribuent à une meilleure interprétation des effets perturbateurs de l'équilibre postural.

Mots-clés : occlusion, biodynamique crâne/face, architecture, posture, paléopathologie, Bassin parisien



Anne Dambricourt, paléontologue, chargée de recherche au CNRS

Les origines de la bipédie permanente : distinguer la verticalisation du squelette axial d'origine embryonnaire, des modes de locomotion bipèdes

Les données de la paléoprimatologie et de la paléoclimatologie revisitent le paradigme des origines environnementales de la bipédie permanente car la relation de causalité présupposée avec une raréfaction du couvert arboré n'est pas vérifiée. En 2010 le Journal du CNRS titre «Et pourtant ils vivaient dans la forêt. Quel est donc le moteur de l'acquisition de la bipédie permanente, départ de la longue lignée qui mène aux hommes actuels ?». Cette histoire est interne, elle concerne l'enveloppe mésenchymateuse du SNC et son orientation relativement à l'axe gravitationnaire. Les hominidés au sens biologique rigoureux du terme - i.e. dont le squelette axial est en équilibre locomoteur exclusivement bipède au sol - sont les premiers mammifères primates à naître avec le cervelet suspendu sous le cerveau et au-dessus du bassin. Cette verticalisation (instabilité croissante) des centres de contrôle de l'équilibre a une double origine : embryonnaire et phylogénétique. La mémoire du développement embryonnaire constitue en soi une contrainte évolutive vis à vis des erreurs de sa propre duplication, par le fait qu'elle est historique (construite par étape, ce qui crée la phylogenèse). Les erreurs sont abortives. La construction de l'embryon et les dynamiques des tissus suivent des étapes qui confèrent également une orientation spatiale telle que la polarité antéro-postérieure. Cette polarité s'est brisée au terme de l'embryogenèse à partir des simiens (singes), vers 39 Ma. Cette brisure a continué de s'amplifier (grands singes 22 Ma), mais après des millions d'années de phases stables (stases), et elle s'est réitérée vers 3,9 Ma donnant les hominidés (le cervelet suspendu). La complexité du SNC, la durée de son développement, la dynamique de sa morphogenèse (neurulation), sont à prendre avec autant de considération que les contingences mésologiques (environnements). La mémoire génétique d'Homo sapiens a donc été construite avec des propriétés évolutives transmissibles, celles qui ont déterminé l'histoire interne de la posture et de son contrôle psychomoteur depuis les premiers primates quadrupèdes arboricoles. Ces propriétés ne sont pas encore formalisées et il convient de ne pas les confondre avec la causalité.



Jean Louis Heim, professeur de paléontologie au muséum

Avantages et désavantages de la bipédie au cours de l'évolution

La posture bipède permanente constitue chez l'Homme un état qui suppose à la fois plasticité et adaptation à des attitudes variées. Son acquisition a entraîné un ensemble de transformations, non seulement anatomiques et physiologiques, mais qui concerne le psychisme, les aptitudes créatrices ainsi que les fondements d'un comportement nouveau, régi par l'apprentissage et l'environnement social, le tout étant indissociable de la nature humaine et de son évolution. Par exemple, les transformations du régime alimentaire ont exercé une influence significative sur le comportement. La posture bipède permanente fut une source d'innovations, telle que l'indépendance de la main vis à vis de tout rôle locomoteur fondamental, et la bascule de l'arrière crâne, conditions nécessaires, sinon préalables, au développement cérébral. Le redressement corporel a eu un effet sur les relations entre la mère et le jeune enfant : l'acquisition de mamelles pectorales, a permis à l'enfant de téter dans les bras de sa mère, ce qui a favorisé les relations affectives avec le développement psychomoteur du jeune. De plus, notre intelligence, notre capacité de réflexion, d'imagination et de création, nous ont valu une place prééminente dans le règne animal. II est vrai que le jeu de nos articulations et de nos ligaments, l'action de notre système musculaire et l'étonnante coordination de nos centres nerveux ont réalisé la prouesse de nous faire tenir debout et de nous déplacer avec une aisance évidente grâce à un polygone de sustentation de quelques centimètres carrés, une colonne vertébrale sinueuse et de puissants muscles fessiers. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que la bipédie humaine et la marche par enjambées qui nous caractérise plus particu¬lièrement, se sont imposées dans un laps de temps relativement court. La survie de notre lignée relevait bien plus de la fonction elle-même que de la qualité de l'adaptation à ce nouveau mode de locomotion qui constituait chez les tout premiers Hommes un désavantage évi¬dent à l'égard du gibier et des prédateurs. En revanche, la bipédie s'est avérée un mode de locomotion particulièrement avan¬tageux dans la mesure où il a favorisé l'affranchissement du membre supérieur et de la main de toute priorité locomotrice et, par conséquent le développement du cerveau, la fabrication des outils et des armes et l'apparition de la réflexion. C'est en cela que, loin d'avoir été un échec, le redressement corporel s'est imposé par ses nombreux effets, et notamment par ses répercussions sur le crâne et sur le système nerveux central, comme l'une des étapes fon-damentales de l'histoire de la Vie, celle par la¬quelle l'animal est devenu capable de créer, d'imaginer et de penser. Si l'on considère le nombre et la portée des modifications anatomiques, fonctionnelles, psychiques et comportementales accompagnant l'acquisition de la station redressée, on constate que la bipédie permanente apparaît, à l'échelle géologique, comme une urgence, un impératif vital. Si l'extrémité céphalique a pris au moins 3 ou 4 millions d'années jusqu'à l'avènement d'Homo sapiens, la posture bipède, la démarche et l'organisation générale du système locomoteur, ont fait l'objet de très faibles remaniements au cours de l'histoire de notre lignée. Les divers ajustements anatomiques indispensable à l'attitude bipède offrent en contrepartie un certain nombre de désavantages et de troubles. Par exemple, le redressement corporel permanent s'est accompagné par les courbures rachidiennes nécessaires au maintien de corps, mais qui réduisent par ailleurs les dimensions des trous de conjugaison ce qui facilite la compression nerveuse et occasionne névralgies, sciatiques, lordose, cyphose, hernies discales ou spondylarthrose..Il y a bien d'autres exemples que nous examinerons, et qui montrent que notre évolution est loin d'être achevée .



Louis Jean Boé département parole de cognition, GIPSA-Lab CNRS, Université de Grenoble, Pierre Badin laboratoire d'Anatomie de Montpellier, Guillaume Captier laboratoire d'Anatomie de Montpellier, Nicolas Kielwasser ostéographe, Cluses

Analyse et modélisation 3 D de la croissance crânio-faciale du foetus à l'âge adulte

La croissance crânio-faciale est un processus multifactoriel qui dépend à la fois de paramètres génétiques (les gènes architecturaux HOX et nonHOX, les hormones de croissance GH) et environnementaux : épigénétiques (régulation post-transcriptionnelle) et fonctionnels (respiration, mastication, déglutition, locomotion). Pour mener une analyse de ce phénomène nous disposons d'une base de données biométriques 3D (Fenart, 2006, Ontogenèse craniographique vestibulaire) comportant 87 points de repère pour un hémi-crâne (soit 142 pour un crâne dont 13 pour la mandibule). Ces données sont fournies pour 9 âges ontogéniques (foetus de 5 mois et 7 mois, naissance, 8 mois ½, 2 ans, 4 ans, 8 ans ½, 14 ans et adulte). Nous avons transposé les données (axes vestibulaire) dans le plan de Francfort et nous les avons rendues dynamiquement visualisables grâce une animation vidéo restituant les parties osseuses. Nous avons mené une Analyse en Composantes Principales (ACP) en trois dimensions. Les résultats montrent que deux composantes suffisent à expliquer plus de 98.5 % de la variance, que ce soit en trois dimensions ou en deux (plans sagittal, frontal, horizontal). En clair : les trois dimensions sont fortement corrélées, il suffit donc de deux dimensions pour retrouver la troisième. À l'aide des résultats de cette analyse, il est possible de construire un modèle mettant en évidence l'effet de chacune des composantes sachant que la croissance est une combinaison de l'effet simultané des composantes. À l'aide de ce modèle on peut tracer des nomogrammes permettant de visualiser les effets de chacune de ces composantes, de particulier de cerner le contour du crâne et d'interpréter les résultats : - La première composante (98,5 % d'explication) correspond à une expansion radial du crâne. A deux ans, cette expansion correspond à une moyenne entre le foetus de 5 mois et l'adulte ; elle est seule responsable de la croissance des orbites ; - La deuxième composante (4% à 6% d'explication) est plus complexe ; elle correspond à une rotation de la calvaria et de la partie occipitale. Pour analyser plus finement cette dernière nous avons procédé à une normalisation des données par la distance nasion-selle turcique et refait une nouvelle ACP. Une visualisation numérique de la croissance a été réalisée permettant d'apprécier le déroulement temporel des modification du crâne, de la face de la mandibule et même des vertèbres cervicales En terme d'application il serait possible de projeter les données d'un suivi longitudinal d'un sujet dans l'espace du modèle pour le situer par rapport à la croissance prototypique et tenter de procéder à une extrapolation (prédiction de l'évolution de la croissance)



Jean Luc Voisin, paléoanthropologue, chercheur associé au muséum

Architecture de l'épaule chez les primates et applications au sein du genre Homo

L'architecture de l'épaule des primates non humain est souvent décrite comme étant identique, ou tout du moins similaire, à celle de l'homme. Or, une étude multifactorielle de l'épaule montre qu'il existe chez les primates actuels 4 architectures différentes : un premier groupe comprend les primates quadrupèdes, un deuxième correspond aux orangs-outans, un troisième aux grands singes africains, gibbons et ateles et le dernier groupe à l'homme actuel. La particularité de l'homme est très certainement due à la fonction uniquement manipulatrice des membres supérieurs. Une étude plus fine montre que le genre Homo a présenté 3 architectures différentes au cours de l'évolution. La première architecture, caractérisée par des scapulas orientées moins dorsalement et plus hautes par rapport au thorax que chez l'homme moderne, correspond aux plus anciens représentant de notre genre (Homo habilis, Homo ergaster, etc.). La deuxième architecture, caractérisée par des scapulas dorsales (comme chez l'homme actuel) et hautes par rapport au thorax, correspond aux néandertaliens et à Homo antecessor. La dernière architecture correspond à des scapulas dorsales et basses par rapport au thorax. Elle est caractéristique de l'homme actuel. En d'autres termes, le membre supérieur au sein du genre Homo, à une histoire propre, dégagée de la locomotion, contrairement à ce que l'on a longtemps supposé.

Mots-clés : Homo, Grands Singes, Epaule, Ateles, Orang-outan, Gibbon, Architecture



Tony Chevalier, paléoanthropologue, Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel

Histoire évolutive du membre inférieur humain : forme et fonction

Le cortège des fossiles anciens s'est considérablement enrichi depuis l'an 2000 complétant le faible échantillon antérieur à 4 Ma. De Sahelanthropus à Ar. ramidus en passant par Orrorin ils ont tous apporté leur lot d'informations. L'histoire évolutive du membre inférieur humain témoigne clairement d'une place de plus en plus grande de la bipédie dans le répertoire locomoteur des homininés depuis 7 Ma dont émergea une bipédie permanente consensuelle à 1,5 Ma mais probablement plus ancienne. Récemment Au. sediba (1,97 Ma) soulève un nouveau débat qui relève d'une difficulté récurrente que ce soit pour des interprétations locomotrices ou taxonomiques: comment interpréter la mixité des caractères observés sur les squelettes fossiles ? Le répertoire locomoteur montre, par exemple, l 'alliance singulière : d'une proto ligne âpre (donc non moderne) et d'un affinement supérieur de l'os cortical du col du fémur, comme chez l'Homme, témoin de la réaction de l'os à une part de déplacement en mode érigé, chez Orrorin ; d'un hallux abducté plutôt simiesque et d'un repositionnement des muscles glutéaux stabilisant la marche chez Ardipithecus ; d'une attache tibiale unique du ménisque externe favorisant la mobilité du genou et d'une obliquité du fémur, caractéristique fonctionnelle épigénétique liée à la marche, chez Au. afarensis ; d'un corps du calcaneus gracile différent de l'Homme et d'une articulation talo-crurale principalement humaine associée à une voûte plantaire et un talon d'Achille chez Au. sediba. Notons également la présence d'une trochlée fémorale non encore totalement moderne chez H. ergaster, et en partie moins moderne que celle de Au. sediba, alors que ce premier est bipède permanent. L'étude des homininés rend compte aujourd'hui d'un modèle évolutif plus complexe que celui proposé précédemment au sein duquel la forme humaine ne semble pas nécessairement la première forme à pratiquer la bipédie permanente. Un nouveau regard sur le rôle de l'environnement, dans sa notion la plus large, devrait permettre de mieux interpréter fonctionnellement la diversité des formes observées, devant laquelle les opinions des paléoanthropologues divergent.

Mots-clés : Homininé, bipédie, arboricolie, mixité morphologique



Jean Jacques Millet, paléoanthropologue, université de Grenoble

L'histoire de vie sous influence de l'écologie humaine : la gracilisation de Homo sapiens et les modifications de croissance sont-elles de simples expressions de la diversité humaine ou en lien avec des facteurs évolutifs complexes ?

De nos jours, plusieurs publications scientifiques amènent à l'observation suivante, concernant notamment les jeunes filles, chez qui est observé une avancée importante de la maturité sexuelle. Ce que certains englobe dans l'évolution séculaire de notre croissance, d'autres considèrent ce phénomène comme pouvant être pathologique, et facteur favorisant l'obésité. L'allongement de la durée de vie ne pose évidemment pas les mêmes constats, et pourtant ne pouvons-nous pas ramener ces données à une évolution plus générale de l'histoire de vie (stratégie de croissance) de l'espèce Homo sapiens. Il y a un lien entre la croissance et nombre de facteurs mésologiques (le climat, l'origine géographie, l'économie, la société, la culture et la nourriture). Cela concerne l'ensemble des paramètres décrivant l'écologie humaine, le système de reproduction et l'état sanitaire des populations. Pouvons- nous dès lors ignorer que ces évolutions peuvent répondre à des modifications sensibles des facteurs biologiques inhérents à notre écologie humaine ? Une adaptation signe les rapports discrets entre génétique et milieu de vie. Quels seraient les apports d'une étude sur le temps long ? L'étude présentée maintenant apporte une approche originale sur l'évolution de l'histoire de vie des hommes modernes mais également d'un certain nombre d'autres espèces d'Hominoïdes. S'il est question de variabilité des trajectoires de croissance au sein des espèces nous pourrons ainsi mieux caractériser la diversité des hommes. Cette étude porte sur un échantillon de 1400 crânes répartis en série de croissance d'espèces d'hominoïdes actuels et fossiles dont 500 hommes modernes. Les méthodes utilisées sont celles de la morphométrie géométrique, car elles permettent de traiter la conformation et la taille séparément ou ensemble. Les analyses en composantes principales, régressions multiples et analyses discriminantes constituent le traitement statistique des données. Les résultats montrent qu'il y a une relation importante entre structure sociale, dimorphisme sexuel et l'histoire de vie. Le phénomène de gracilisation observée depuis 20 000 ans est lié à de profond changement de l'écologie humaine en rapport avec la sédentarité. L'accélération visible de la croissance à partir du Néolithique est associée à une taille plus réduite. Cette révolution de l'écologie humaine (sédentarité, modification de l'alimentation et patriarcat) amène une accélération de la croissance, en liaison avec une arrivé plus précoce de la maturité sexuelle notamment chez les femmes. Les changements observés aujourd'hui ont les mêmes caractéristiques même si la taille ne suit pas la même trajectoire. Ce qui traduirait une modification des rapports homme-femme, bien plus qu'une évolution de la qualité de vie. Ces changements impliquent peut-être une nouvelle évolution nos sociétés, (ce qui n'est pas un gage d'égalité des sexes). Les rapports d'accélération de croissance avec la morphologie montrent un certain nombre de points auxquels il faudrait porter attention. L'accélération de la croissance pubertaire est associé à une autre accélération celle de la phase infantile. Elle a un impact sur les vitesses d'ossification, sur le développement des structures crâniennes, et le développement psychomoteur. En conclusion, la variabilité d'une espèce rend compte de sa plasticité morphologique, mais elle ne reste qu'une approche trop réductrice de sa diversité. Sonder les modifications des modalités de croissance permet de suivre les variations de l'écologie (humaine), de l'articuler avec les cardes socio-écologiques, culturels et économiques. Il y a dans l'étude de l'histoire de vie, la possibilité de rattacher les différentes parties composant la diversité des hommes, permettant ainsi de mieux cerner les facteurs de l'évolution biologique.



William Debonno, neurobiologiste

Représentation corticale cognitive et énactive de la dynamique posturale

Le système postural est régi par une dynamique d'interactions non linéaire avec l'environnement. Toute dysfonction du schéma perceptionaction ou du contrôle postural entraîne des modifications conscientes ou inconscientes de la topographie des cartes somato-sensorielles impliquées dans le maintien de la posture et la projection de l'action. Elle affecte également la plasticité de représentation des aires motrices corticales et du schéma corporel. Il devient donc indispensable d'aborder l'expérience motrice de façon transdisciplinaire et d'en tirer les conséquences sur le plan posturologique. L'approche énactive ou cognitive incarnée (embodied cognition) nous paraît offrir de telles perspectives.

Mots-clés : Plasticité cérébrale, comportement moteur, cognition incarnée, énaction, neurosciences cognitives, transdisciplinarité.



Maurice Ouaknine, université de la Méditerranée, Marseille

Deux propositions méthodologiques pour réduire la variabilité intra-individuelle dans l'analyse posturale

Le processus de vicariance (Lacour, Borel et al.) est la principale cause de la variabilité intra-individuelle conférant ainsi une dimension stochastique au modèle postural humain. Cette inconsistance est de nature à remettre en cause la validité des critères de stabilité posturale dérivés du modèle cybernétique. Cependant, dans une approche simplificatrice de caractérisation de la dynamique posturale, nous avons fait le pari qu'il était possible de rendre compte de la qualité du contrôle postural de façon relativement reproductible selon deux points de vue différents mais complémentaires : i) Approche mécaniste basée sur la mesure de l'instabilité intrinsèque d'un système feed-back selon le critère de Lyapunov. ii) Approche analytico-synthétique du bilan postural basée sur la construction d'un index composé (score) reproductible correspondant à la somme pondérée des valeurs normalisées obtenues pour chaque item du profil postural (Ouaknine, APE Toulouse 2008).

Matériel et Méthodes : Toutes les données stabilométriques de cette étude proviennent d'enregistrements de sujets placés sur cyber-sabots (plateforme brevetée recomposée en position standard) à une cadence de 40 Hz pendant 51.2 sec. Méthode mécaniste : Il s'agit des exposants de Lyapunov (Largest Lyapunov Exponents : LLE) calculés sur la topologie des trajectoires des états dans un espace de phase de dimension égale aux nombres de degrés de liberté exhibés pour réaliser une tache de maintien debout par exemple. La reconstruction de l'espace s'est effectuée selon la méthode des délais temporels déterminés au « zero crossing » de la fonction d'auto corrélation.

Méthode analytico-synthétique du bilan postural. Elle consiste à proposer une échelle d'évaluation et de classification des dysfonctions posturales en 4 grades, de 0 à 3. Grade 0 (excellent), Grade1 (légère dysfonction), Grade2 (Dysfonction moyenne), Grade3 (Dysfonction sévère). Nous proposons de calculer ces grades en prenant un pool de paramètres représentatifs. Il s'agit en substance de calculer la moyenne des distances au centre des extrémités des vecteurs qui portent les descripteurs du profil postural. La distance maximale étant de 1, les 4 grades s'établissent avec une fourchette de 0,25.

Résultats : Méthode I : Sur un effectif de 20 étudiants à qui on a demandé d'effectuer 3 taches : i) debout immobile, ii) oscillations volontaires, iii) simulation de vertiges, seul le LLE a été capable de donner un « bon score » au sujet qui simule le mieux un déséquilibre. Cette méthode s'est montrée moins sensible aux conditions expérimentales et à la stratégie postural. Méthode II : le regroupement des indices sous forme d'un pool judicieusement choisi et leur combinaison en un indice composé a permis de réduire significativement la variabilité par un effet de compensation des fluctuations individuelles.

Discussion, Conclusion : 1) Le LLE est un descripteur issu de la dynamique non linéaire. Il caractérise la stabilité d'un système asservi sur la base d'une topologie des trajectoires des états de la dynamique et non pas sur une analyse de ses sorties. Sa mise en oeuvre est cependant très complexe. 2) Le passage d'une échelle analogique mono dimensionnelle à une gradation par classe multidimensionnelle a permis de réduire considérablement la variabilité notamment de vicariance par des effets de compensation. En effet, le sujet qui choisit par exemple de réduire les erreurs de position (surface du STKG) le fait en augmentant la raideur des chevilles. Une pondération sur la valeur des paramètres est en cours d'étude.


Journée du 25 mai 2012


Pierre Marie Gagey, fondateur de l'Association française de posturologie

Quelle avancée méthodologique apporte la posturologie ?

Dans la ligne de la philosophie de Still, une avancée méthodologique apparaît au sein des écoles d'ostéopathie européennes: le corps de l'homme est un tout qu'il faut regarder dans son ensemble, certes, mais sans oublier que la totalité de l'homme inclut sa relation au monde, aux autres. Si un patient résiste aux traitements ostéopathiques classiques, alors il faut explorer ses relations au monde. Les bases scientifiques de cette avancée proviennent de la thèse de Jean-Bernard BARON, thèse encore bien inconnue en dehors de l'Europe méridionale.



Adalbert I. Kapandji

La Conception Holistique de l'Appareil Locomoteur

L'appareil Locomoteur fonctionne comme une Structure cohérente, dans laquelle chacun de ses composants participe à la fonction de l'ensemble: ainsi se caractérise un Ensemble Holistique.

L'approche globale, holistique, s'oppose à l'approche réductionniste, qui pour comprendre un phénomène en fait l'analyse, le démembre en ses parties constitutives, perdant ainsi la compréhension de l'ensemble de ses parties.

La définition d'un ensemble holistique, c'est qu'il représente plus que la somme de ses parties. L'addition des parties produit un saut qualitatif: la quantité se transforme en qualité. La Photographie holographique, qui donne la sensation du relief, est un exemple d'un ensemble holistique.

Le holon est un élément de l'ensemble qui représente la totalité. Ainsi, une cellule du corps est un holon de l'organisme entier, de même qu'un Être Humain est un holon d'Humanité.

Partant de cette conception, chaque élément de l'Appareil Locomoteur ne peut se comprendre que dans sa fonction, en relation avec les autres éléments.

L'appareil Locomoteur est un Tout cohérent, caractérisé par les proportions des parties du corps entre elles, ainsi que par les proportions des différents segments d'un même membre, déterminées par des relations fonctionnelles. La constitution du squelette dépend de la fonction globale: ainsi peut-on comprendre la présence de deux os au niveau du segment intermédiaire des membres.

Pour réaliser sa fonction de Préhension, les cinq doigts sont en nombre nécessaire et suffisant. La mobilité du cou conditionne l'efficacité des organes sensoriels de détection porté par le Crâne. Toujours dans un but de solidité au moindre prix, les diaphyses des os longs sont tubulaires, et leurs épiphyses, ainsi que les os courts sont de structure spongieuse, avec des travées matérialisant les lignes de force. La boite crânienne présente une forme ovoïde, présentant, comme la sphère, une résistance maximum. La résistance des systèmes mobiles aux contraintes mécaniques est améliorée par la Précontrainte, qui s'inscrit dans une nouvelle science, la Tenségrité.

Les Muscles, moteurs linéaires, agissant par raccourcissement peuvent fonctionner de trois manières :

- en Synergie, c'est-à-dire en association pour effectuer une action commune,

- en Antagonisme, c'est à-dire en opposition pour limiter l'action d'autres muscles, ou encore

- en Antagonisme-Synergie, pour moduler ou faire apparaître des actions spécifiques. Dans son principe, l'asociation de ces actions contradictoires obéit à une nouvelle logique, celle du «Tiers Inclus», déjà présente dans le symbole du «Yin-Yang».

Les muscles peuvent s'associer en Chaines Musculaires «ouvertes» ou «fermées», ce qui relève bien du caractère holistique du fonctionnement de l'Appareil Locomoteur.

L'exemple le plus frappant d'un ensemble holistique est un orchestre qui représente plus que l'addition des musiciens, et où le Chef d'orchestre joue d'un Instrument collectif et holistique.



Marine Siffre, ostéopathe, laboratoire de recherche ESO et université de Reims et Djillali Hadjouis, archéologue départemental, Pr de paléontologie ESO

La biodynamique crânio-sacrée, application d'un protocole biodynamique sur des populations médiévales et contemporaines

Largement inspiré du concept d'ostéopathie myofasciale céphalique, le concept de biodynamique crânio-faciale s'est développé en orthopédie dento-faciale et en paléontologie depuis une trentaine d'année. L'étude des architectures cranio-faciales a ainsi permis de mettre en évidence les mécanismes d'équilibre et de déséquilibre crânio-faciaux et occlusaux dans le système postural bipède des points de vue phylogénétique et ontogénétique.

De nombreux travaux paléontologiques et biomécaniques sur le pelvis ont également montré que l'évolution de la forme des pelvis et plus largement, de l'architecture lombo-pelvienne (en relation avec le membre inférieur) est étroitement liée à l'acquisition du système postural bipède.

Cette étude préliminaire, Introduction à l'analyse du système crânio-sacrée, pose les bases méthodologiques et conceptuelles, à l'aide d'une synthèse bibliographique, pour l'analyse du système crânio-sacré à grande échelle. Le concept de biodynamique crânio-facial est, dans le cadre d'une analyse de collection archéologique médiévale, étendu au système crânio-sacré dans une optique architecturale crânio-sacrée afin de mettre en évidence les interrelations crâne-sacrum. Cette présente étude a donc pour objectif principal de mettre en valeur les mécanismes d'équilibre et de déséquilibre crânio-sacrés du système postural bipède intéressant de multiples disciplines telles que la paléontologie, l'ostéopathie, la biomécanique, la posturologie, l'orthodontie..

Mots-clés : Biodynamique crânio-faciale, crânio-sacrée, posture, Moyen Age



Caroline Moreau Université Paris Descartes

Influence du toucher léger sur la stabilisation posturale

Parce que l'homme évolue dans un système en mouvement permanent, il a l'obligation de s'y adapter au mieux. Pour cela il dispose d'un ensemble de récepteurs lui permettant de s'adapter, de suivre et de prendre en compte l'évolution et la variation des différents éléments composant son environnement. La perception du monde traduit ainsi la capacité de l'individu à prendre conscience de la présence d'un évènement particulier à un moment donné. C'est dans ce contexte que se situe notre étude. En station droite érigée, l'ajout d'une modalité haptique permet-elle au sujet d'améliorer ses comportements posturaux ? Selon Matthews et Miles (1988) le sens haptique correspond au sens de la perception combinant les informations dynamiques issues à la fois des récepteurs cutanés, musculaires, articulaires et tendineux. De nombreux auteurs (Jeka et Lackner 1994, 1995 ; Jeka et coll., 1997, 1998 ; Lackner et coll., 1999 ; Rabin et coll., 1999, 2008) ont montré que les informations haptiques obtenues par un contact du bout du doigt avec une surface rigide inférieur à 1Newton, contact qui mécaniquement ne permet pas une augmentation de la base de sustentation, fournissent des informations essentielles au système nerveux central (SNC) lui permettant une diminution des oscillations posturales. Le but de ce travail est de comprendre et d'interpréter les effets d'un toucher léger du bout d'un doigt avec une surface rigide sur la stabilité d'un sujet en position droite érigée.

L'expérimentation mise en place comportait 12 conditions, 5 essais par conditions et 30 secondes par essais. Les conditions expérimentales correspondaient à la combinaison de 1) 3 conditions de toucher : appui mécanique, toucher léger, sans toucher 2) 2 conditions de vision : yeux ouverts et yeux fermés et 3) 2 conditions de géométrie : bras tendu et bras plié. L'analyse de l'apport de cette information haptique supplémentaire dans le maintien et le contrôle de la stabilité posturale a été faite dans un premier temps au moyen d'outils stabilométriques classiques tels que l'amplitude, la surface, etc. Cependant cette analyse des comportements humains au travers des composantes neuromusculaires est trop limitée. Partant des travaux de Collins et De Luca (1993, 1995) et de Riley (1999) les données ont ensuite été analysées au regard de l'analyse de la diffusion du stabilogramme (SDA) permettant de mettre en exergue les stratégies de contrôle mises en place par le SNC et de l'analyse de la récurrence de ce même signal (RQA) permettant de quantifier la prédictibilité du signal et par la même sa dimensionnalité.

Les résultats nous montrent que l'ajout d'une information supplémentaire ne permettant pas d'augmenter la base de support améliore la stabilité posturale au même titre qu'un appui mécanique. L'analyse non linéaire du signal stabilométrique montre une certaine flexibilité du système et que le SNC favorise un processus stochastique du contrôle postural.



Zaheira Benhabib, Orthopédiste Dento Faciale, faculté de médecine, université de Tlemcen

Prévalence des classes III squelettiques a Tlemcen. Etude de fratrie et collatéraux pour un dépistage précoce

Les classes III squelettiques longtemps considérées comme une difficulté majeure de l' orthodontiste posent en fait beaucoup plus un problème de dépistage et de prise en charge, dont le pronostic et la stabilité a long terme en dépendent. La prévalence de cette dysmorphie dans la région ou j'exerce a suscité en moi un grand intérêt et une prise de conscience pour une meilleure appréhension de cette dysmorphie. Ainsi l'étude clinique de fratrie et collatéraux confortée par une étude architecturale de la biodynamique crânio faciale permet de dépister les patients qui en sont porteurs de plus en plus jeunes, ce qui leur évitera la perte de chance et limitera l'orientation vers un protocole chirurgical. Hormis le facteur héréditaire , nous évoquerons aussi tout ce qui peut favoriser et aggraver cette évolution dynamique en flexion, pour conclure en mettant l'accent sur l'importance d'une bonne prise en charge thérapeutique de ces enfants visant notamment le rétablissement des fonctions et de le ventilation nasale.



Beugre Jean Bertin, Assi Raoul, Sonan N'Guessan Kakou, Djaha Konan, Laboratoire de Biomorphologie et Imagerie Institut des Sciences Anthropologiques du Développement (ISAD, Université de Cocody, Abidjan

Symétrie faciale, latéralité et esthétique faciale chez les jeunes adultes mélano-ivoiriens en normocclusion dentaire

Introduction : Certains phénomènes neurophysiologiques tels que la latéralité dont l'impact sur la sculpture corporelle est souvent évoqué, méritent bien une attention toute particulière.

Objectif : L'objectif de cette étude a été d'apprécier les caractéristiques de symétrie et d'esthétique faciales du jeune adulte mélanoafricain en normocclusion dentaire et leurs relations avec la latéralité.

Méthodologie : Les caractéristiques de symétrie et d'esthétique faciale ont été évaluées à partir de photographies et de radiographies frontales réalisées sur 209 jeunes adultes d'Abidjan (105 femmes et 104 hommes). 24 points de repères céphalométriques marqués ont servi à la construction de lignes et plans ayant permis des mensurations horizontales, verticales, obliques, angulaires et des étages faciaux. Des tests t de groupes indépendants ont été utilisés pour détecter des différences entre les deux groupes. Les corrélations entre les différents ensembles de mensurations ont été examinées.

Résultats : Les sujets sélectionnés étant majoritairement droitiers (97,72%), la quasi totalité des mensurations bilatérales horizontales et obliques, puis, un certain nombre de mesures bilatérales verticales affichent des valeurs plus grandes en faveur des paramètres anthropométriques de l'hémiface droite. Laquelle donne reste invariable lorsque l'on considère séparément les deux groupes sexuels. L'esthétique faciale dans le sens transversal s'accomode donc d'un défaut d'harmonie des deux hémifaces.

Conclusion : La latéralité façonne la morphologie faciale en lui imposant une asymétrie de structure. L'esthétique faciale en normocclusion devrait donc s'apprécier selon une supériorité dimensionnelle de l'hémiface droite.



Beugre Jean-Bertin, Assi Raoul, Sonan N'Guessan Kakou, Djaha Konan, Laboratoire de Biomorphologie et Imagerie Institut des Sciences Anthropologiques du Développement (ISAD), Université de Cocody, Abidjan

Latéralité, symétrie posturo-statique chez les jeunes adultes mélano-ivoiriens en normocclusion dentaire

Introduction : La détermination des particularités morphométriques et d'équilibre posturo-statique en relation avec l'occlusion dentaire et certains phénomènes neurophysiologiques tels que la latéralité, traduit la complexité d'organisation de l'édifice corporel humain. Des bascules latérales ainsi que leurs retentissements sur les dimensions des appuis podaux, sont alors observés, du fait des type et schéma de latéralité prévalant au sein des populations humaines considérées.

Objectif : L'objectif de cette étude a été de rechercher un lien entre la latéralité, la symétrie posturale en orthostatisme et les dimensions des pieds, chez les jeunes adultes mélano-ivoiriens en normocclusion dentaire.

Méthodologie : Deux types de mesures ont été effectuées après le calcul du coefficient de latéralité d'Edinburgh, chez 57 adultes (29 femmes et 28 hommes). Les mesures indirectes d'inclinaison latérales des lignes de symétrie posturale (tracées à partir de 8 points de repères morphométriques), sur photographies frontales du corps en orthostatisme neutre. Les mesures directes des longueurs et largeurs maximales des pieds ont été effectuées. Le test t de student et le test sur tableau de contingence (Khi²) ont été utilisés pour apprécier l'orientation des bascules des lignes de symétrie posturale dans les sens horizontal et vertical, et le lien avec la latéralité.

Résultats : Le «total bascules» scapulaire (1,5°) est faible, contrairement aux axes bipupillaire (1,965°) et bistyloïdien (1,851°). La verticale posturale dévie à 5,842° de la trajectoire gravitaire. La bascule bistyloïdienne (très orientée vers la droite (P < 0,0001)) et celle de la verticale posturale (fort inclinée vers la gauche (P < 0,0001)) sont les plus latéralisées. Les tableaux de contingence (khi²) relatifs à la majorité des droitiers homolatéraux (92,98%) de l'étude, ont systématisé la liaison de ces résultats avec la latéralité.

Conclusion : En orthostatisme neutre, les caractéristiques morphométriques et de symétrie posturale chez le jeune adulte mélano-ivoirien de classe I dentaire, droitier homolatéral, ne sont pas parfaites. La description de son schéma corporel ainsi que son évaluation clinique et posturographique, devraient donc intégrer les modifications induites par sa prévalence latérale.



Djillali Hadjouis, archéologue départemental, Pr de paléontologie ESO

Occlusion et biodynamique cranio-faciale des hominidés d'Algérie

Au cours du Paléolithique supérieur et de l'Epipaléolithique d'Algérie (-20 000, -9 000 ans), 3 morphotypes sont reconnus anthropologiquement et culturellement au sein des hommes modernes : les Mechta-Afalou, cromagnoïdes aux caractères robustes et à la grande stature, les Mechtoïdes, hommes gracilisés, évoluant à partir d'ancêtres Mechta-Afalou. Le troisième morphotype est protoméditerranéen dont les caractères morphologiques du crâne et de la face sont nettement plus modernes. Il apparaît vers le huitième millénaire. Si les deux communautés de la culture ibéromaurusienne pratiquaient l'avulsion dentaire des incisives supérieures, celle de la culture capsienne adoptait un arrachage des incisives des deux ensembles maxillo-mandibulaires. Ce rituel de mutilation dentaire au cours de la croissance (entre 9 et 11 ans), surtout celui pratiqué sur les dents supérieures, a agi sur la dynamique de croissance du complexe maxillo-mandibulaire, déstabilisant ainsi l'occlusion. C'est à la suite de l'analyse des décalages occlusaux de ces populations que des études architecturales par imagerie de la dynamique crânio-faciale sont mises en place selon des protocoles d'ODF il y a une vingtaine d'années. Ainsi les études biométriques, morphologiques et cliniques s'inscrivent dans une démarche à la fois évolutive et contemporaine prenant en compte et par souci de corrélation, les troubles de l'articulé dentaire et les déséquilibres dento-squelettiques de certaines populations locales. Au total, cette nouvelle lecture anatomique permet de mettre en évidence à certaines époques, le tableau architectural crânio-facial ainsi que l'équilibre ou le déséquilibre occlusal.

Mots-clés : Cromagnoïdes, Protoméditerranéens, occlusion, biodynamique crânio-faciale, Algérie



Cyrille Cazeau, chirurgien orthopédiste, clinique Geoffroy St. Hilaire

Philippe Charlier, médecin légiste et paléopathologiste, Service de médecine légale et d'Anatomie/cytologie pathologiques, CHU Raymond Poincaré, Garches

Lésions osseuses et articulaires de l'effort physique (anthropologie médico-légale et paléopathologie)

Les déformations de l'avant-pied : de la biomécanique à la chirurgie

La légitimité à opérer un avant-pied est d'analyse complexe et ne se résume pas à la réalité des déformations visibles. La première étape est de différencier et d'hiérarchiser ce qui sépare « l'utile » indispensable à la fonction du pied, d'un superflu résidu d'évolution caractérisant cependant notre "normal". Celui-ci est défini ainsi par des critères cliniques et radiologiques. Les pathologies de l'avant-pied les plus fréquemment rencontrées sont l'hallux valgus avec ses complications d'insuffisance d'appui du premier rayon, les métatarsalgies des rayons latéraux, l'hallux rigidus, les orteils en griffes et le névrome de Morton. Le cahier des charges chirurgical consiste alors à proposer des corrections architecturales en trois dimensions. Les ostéotomies doivent être mécaniquement stables d'emblée afin d'autoriser un appui immédiat garant d'une récupération fonctionnelle rapide. Dans ce cadre là est exposée la progression spectaculaire récente de la chirurgie du pied évoluant des techniques classiques à ciel ouvert aux ostéotomies percutanées et mini-invasives.

Mots clés : biomécanique - chirurgie percutanée du pied - anatomie fonctionnelle comparée



Patricia Soto-Heim, paléoanthropologue rattachée au muséum

La plasticité du crâne humain. Exemple : la déformation intentionnelle

La plasticité du crâne humain a été démontrée depuis la préhistoire et ce sont les travaux archéologiques qui ont pu la mettre en évidence par la découverte des crânes artificiellement déformés. L'homme tout au long de son évolution, a été confronté au milieu ambiant et a développé des pratiques culturelles qui lui ont permis une meilleure adéquation avec celui-ci, et avec les autres groupes humains qui les cotoyaient. Une de ces pratiques est la déformation intentionnelle du crâne du bébé afin de lui donner une forme souhaitée par la société, autant dans un but identitaire qu'esthétique. La déformation crânienne intentionnelle du crâne humain est une pratique culturelle très ancienne qui a été largement répandue dans le monde.



Jean Claude Guimberteau, chirurgien de la main, président de la société française de chirurgie plastique

Destination tendon, vidéo sur la main

La mobilité de nos structures nous est tellement intrinsèque, naturelle qu'elle n'appelle pas d'interrogation. Le simple geste de pouvoir soulever la peau, l'observer se redraper, reprendre sa forme et sa texture initiale en quelques secondes est certes très banal mais en fait, très interrogatif quand on pense à tous les éléments rentrant en jeu. Le constat est le même lorsque l'on ferme les doigts et que l'on pense à la progression du tendon fléchisseur tout au long de la paume sans traduction externe. Pendant des décennies, les explications scientifiques se sont bornées à la notion du concept d'élasticité ou de l'existence de tissu conjonctif lâche (connective tissue) lamellisé avec plus ou moins un espace virtuel, explications dont la biomécanique est plus que floue. En dehors de ces concepts anciens, depuis plus de 50 ans, la recherche scientifique est passée au niveau microscopique et a abandonné le concept global, mésosphérique. La dissection chirurgicale in vivo permet de constater qu'il n'y a que des connections tissulaires, une véritable continuité histologique sans séparations nettes que ce soit entre la peau et l'hypoderme, les vaisseaux, puis l'aponévrose et le muscle. On discerne partout des structures qui assurent le glissement, que ce soit entre l'aponévrose musculaire, les structures graisseuses, puis, le derme. Les auteurs, à l'occasion de leurs études sur les systèmes de glissement entre organes, et en particulier au niveau tendineux ont constaté un type de structures, constituées de filins, haubans, câbles, voilages, qu'ils ont appelé le concept de système collagénique multimicrovacuolaire d'absorption dynamique MCDAS. Ce système est d'organisation totalement chaotique et de fonctionnement très éloigné des analyses mécaniques traditionnelles. L'unité fonctionnelle du glissement des structures déterminée par le croisement dans les trois dimensions de l'espace est la microvacuole, de forme polyédrique et dont l'armature collagénique est de type I ou IIII et le contenu constitué de protéoglycoaminoglycanes. La dynamique du système multimicrovacuolaire grâce aux différentes qualités de précontrainte et de fusion scission dilacération moléculaire permet de réaliser toutes les subtilités du mouvement à l'intérieur du corps, associant mobilité, rapidité, interdépendance et adaptabilité plastique. Cette notion de microvacuoles est aussi fascinante car elle permet de mieux expliquer tout d'abord la capacité de remplir l'espace. La matière est constituée d'éléments, mais ces éléments même si la répartition semble chaotique ne se disposent pas en vrac. Ils occupent l'espace de façon optimale. L'acceptation du concept vacuolaire permet aussi de mieux définir des états de la matière au décours d'une vie comme l'oedème, l'obésité, le vieillissement et enfin l'inflammation. Ce système de glissement se retrouve dans tout le corps et semble être la trame tissulaire organisatrice globalisante. Il impose une vision plus holistique. Comme il est le lien indissociable et comme on le retrouve dans toutes les structures vivantes et à de nombreux échelons, est-il la forme architecturale de la vie ?



Philippe Lefèvre, professeur d'anatomie, faculté de médecine, université libre de Bruxelles

Les sutures crânio-faciales. De l'anatomie descriptive et fonctionnelle à l'anthropologie médico-légale

Si les sutures crâniennes ont intéressé très tôt les anatomistes, Vésale (1543) avait déjà mis en relation les sutures avec la sénescence, cet intérêt subsiste au travers d'études scientifiques concernant leur développement, leur croissance, leur biomécanique et leur utilité en anthropologie médico-légale. Les sutures ne sont pas uniquement des articulations entre des pièces osseuses, ce sont des sites primaires d'ostéogénèse (Rice 2008). Elles révèlent une importante variabilité dépendant de facteurs génétiques ainsi que de facteurs de croissance et de facteurs de transcription responsables de l'ostéogénèse du neurocrâne. Ces facteurs sont fortement en relation avec des éléments exogènes tels que la dure-mère (Opperman 2000 ; Rogers 2004 in Beauthier 2009). Les sutures, aux propriétés viscoélastiques, absorbent l'énergie développée par impaction ou par des forces de tension (Jaslow 1990). La disposition et la répartition de sutures spécifiques augmentent ainsi la résistance du crâne aux chocs traumatiques en transmettant les forces de charge au travers des sutures (Testut 1929 ; Coats 2006 ; Herring 2008). Le crâne du nouveau-né possède ses propriétés mécaniques caractéristiques. Comme en anthropologie physique, l'anthropologie médico-légale utilisera les sutures, selon des méthodologies diverses, pour l'estimation de l'âge au décès (Perizonius 1984 ; Meindl & Lovejoy 1985 ; Masset 1989 ; Mann 1987 ; Ginter 2005 ; Beauthier 2009). Des recherches récentes par micro CT scan, offrent une approche quelque peu différente de l'anthropologie notamment pour l'identification des personnes (Recinos 2004). Enfin, en médecine légale, les sutures crâniennes peuvent poser problème par la confusion possible avec les fractures (Tharp 2009) ainsi que par des sutures surnuméraires localisées chez l'enfant supposant de la maltraitance.

Mots-clés : sutures crâniennes, biomécanique, facteurs de croissance, estimation de l'âge, anthropologie médico-légale.



Hafida Izelfanane, ostéopathe, IDHEO, Laboratoire d'anatomie, faculté de médecine de Nantes

Insertions de la dure-mère sur le rachis, une anatomie redécouverte

Objectif : Les ouvrages anatomiques classiques décrivent la dure-mère spinale comme étant une structure libre dans le canal vertébral.

D'anciens écrits ont en revanche décrit des attaches dure-mériennes sur le rachis. Le but de cette étude est donc de recenser les descriptions faites dans la littérature et de les comparer à une étude expérimentale.

Matériels et Méthode : L'étude anatomique a été faite par une voie d'abord postérieure sur 3 sujets féminins d'une moyenne d'âge de 84ans, et sur un foetus de sexe féminin d'un âge estimé à environ 28 S.A. Il a également été réalisé une étude histologique par coupes sériées d'un sujet masculin (93ans).

Résultats : Maintenue par ses attaches au niveau du foramen magnum et par le filum terminale, la dure-mère est attachée latéralement aux parois osseuses par les opercules de Forestier et les ligaments de Hofmann. Les opercules de Forestier sont des structures en forme de peau de tambour qui tapissent les orifices des foramens intervertébraux. Les ligaments de Hofmann se sont développés entre la face antérieure des racines spinales et ligament longitudinal postérieur (LLP), ils s'orientent différemment en fonction de l'étage vertébral. Antérieurement, la dure-mère est maintenue par le ligament de Trolard, structure sagittale médiane, formée de fibres arciformes mais qui peut aussi apparaître sous forme de cloison complète, ou d'adhérence forte entre la dure-mère et le LLP. Tout autour de la dure-mère nous pouvons observer les trousseaux fibreux de Soulié. Ce sont des attaches conjonctives fragiles, ressemblant à de l'arachnoïde, accompagnant les structures vasculaires et qui sont impossibles à conserver intactes à tous niveaux. Au niveau cervical, nous retrouvons l'insertion du ligament occipito-atloïdien postérieur sur la dure-mère ainsi qu'un continuum musculoaponévro- dure-mérien. A ce niveau, il existe également un véritable ligament dentelé extradural qui se développe à la partie postéro-latérale de la dure-mère spinale, entre les racines spinales cervicales pour ensuite se rejoindre et réaliser une arcade en pont sur la face postérieure des racines.

Conclusion : La dure-mère spinale n'est donc pas dépourvue d'attaches sur le rachis. Ces insertions interviennent dans la dynamique d'adaptation de la dure-mère face aux variations de dimension du canal vertébral. Elles constituent aussi un moyen de moduler, freiner et contrôler la mobilité et la croissance. Ces insertions rachidiennes sont également en rapport direct avec le paquet vasculo-nerveux du trou de conjugaison ce qui, à l'instar de la masse cellulo-graisseuse, tient lieu d'organe protecteur. En effet, il est intéressant de comparer les opercules de Forestier à des diaphragmes. A chaque mouvement du rachis en flexion ou extension, ces opercules se tendent ou se détendent, ayant donc un véritable rôle de pompage vasculaire, permettant une circulation optimum entre le réseau vasculaire intra-rachidien et extra-rachidien. Ainsi, toute modification de tension au niveau de ces moyens de fixité, retentira sur la vascularisation et peut entrainer des névralgies. L'ostéopathie trouve donc ici tout son intérêt, mais le modèle traditionnel « cranio-sacré » devrait prendre en considération ces différentes attaches et évoluer vers un modèle « cranio-vertébro-sacré ».

Mots-clés : Dure-mère, ligament sacro-dural antérieur de Trolard, ligament de Hofmann, opercule de Forestier, fibres de Soulié, ligament longitudinal postérieur.



Thomas Matthew, ostéopathe, IDHEO

L'EOS, ultime évolution des technologies de l'imagerie médicale, outil de l'ostéopathe

L'imagerie médicale est un domaine de la médecine en constante évolution allant vers une vision toujours plus fonctionnelle du corps humain. L'imagerie ostéo articulaire a récemment bénéficié du développement des chambres proportionnelles multifils (invention de Georges CHARPAK qui lui a value le prix Nobel de physique en 1992i) utilisées dans le développement de l'imagerie bi plane basse dose. Ces avancées exprimées à travers le système d'imagerie EOSii ouvrent des perspectives nouvelles en terme d'imagerie médicale et actuellement développées en orthopédie, mais dont l'ostéopathie a énormément à tirer, aussi bien dans le domaine de la recherche que dans la pratique quotidienne de cabinet. L'EOS est la seule imagerie permettant une acquisition simultanée orthogonale et complète du squelette en charge. Cette acquisition se fait avec des doses réduites d'un facteur 10 par rapport à deux images comparables obtenues en radiologie conventionnelle. Cette spécificité doit intéresser les ostéopathes à plusieurs titres, pour la visualisation globale du squelette en premier lieu (qui associée à une étude fonctionnelle cinétique devient un complément efficace de compréhension du schéma posturologique humain). Pour la vision, en position érigé du squelette en deuxième lieu, ce qui permet une vision pertinente des mécanismes d'adaptation à la pesanteur et qui analysé globalement trouve un intérêt tout particulier en terme d'analyse statique globale. Les axes de recherches actuellement développés sur le sujet sont de plusieurs ordres

: - Visant à objectiver l'intérêt de l'EOS en recherche clinique ostéopathique, la question étant de déterminer les arguments pouvant contribuer à évaluer une prise en charge ostéopathique.

- Visant à objectiver l'intérêt de l'EOS en pratique quotidienne de cabinet, la question étant de savoir comment cette technologie, peut conforter un diagnostique palpatoire ostéopathique.


Journée du 26 mai 2012


Alain Lodini, Pr Université de Reims

Rayonnement synchrotron au service des biomatériaux : Application aux interfaces os-implants

L'espérance de vie et le niveau d'exigence de confort de vie de la population des pays développés augmentent ce qui génère une croissance des besoins en Santé Publique. Par ailleurs, l'apparition de nouvelles procédures cliniques, l'extension des indications médicales et l'information des patients contribuent à augmenter encore la demande dans ce domaine. Plus particulièrement, le marché mondial de l'implant dentaire qui était estimé en 2005 à 1,2 milliard $US croît à un rythme annuel de 15 pour cent (source Gouvernement du Canada) (1). En effet, le remplacement d'une dent absente par une racine artificielle implantaire sur laquelle est fixée une prothèse s'avère souvent la proposition de traitement la plus pertinente. D'excellent pronostic, les réhabilitations prothétiques dentaires implanto-portées confortent l'efficacité masticatoire avec un impact psychologique important par rapport aux restaurations dentaires conventionnelles. Le succès d'un implant dentaire dépend de son ancrage fort dans l'os environnant qui lui permet de supporter les sollicitations mécaniques importantes auxquelles il est soumis. De nombreux facteurs comme la technique chirurgicale, le design de l'implant, sa topographie de surface et sa chimie de surface ont une influence majeure sur l'intégration de cet implant. Le matériau de substitution à une racine dentaire doit présenter les caractéristiques biomécaniques optimales tout en étant biocompatible vis-à-vis du tissu hôte (l'os). De nombreux cliniciens ont proposé à partir des années 1940 des solutions d'ancrage dentaires par des implants aiguilles, des implants lames ou des implants disques. La notion de compatibilité de ces implants avec le tissu osseux dans lequel ils étaient placés restait sommaire. L'explication de l'essor véritable et de la généralisation de la technique implantaire en odontologie a pour origine la naissance du concept d'ostéo-intégration proposé dans les années 1960 par le Suédois Branemark qui découvre lors de travaux expérimentaux l'extraordinaire liaison obtenue entre des instruments en titane et l'os animal. Fort de cette constatation, il développe et codifie la mise en place des implants dentaires avec la notion d'implant enfoui, mis en nourrice avant d'être découvert et puis mis en fonction. Les techniques histologiques ont permis d'affiner la notion de biocompatibilité et ainsi de comprendre l'interface os - titane. L'histomorphométrie montre qu'il y a contact direct entre l'os et le titane sans interposition fibreuse comme avec un polymère. Cette bioadhérence donne de bons résultats cliniques.

Cependant, la cicatrisation osseuse et l'intégration implantaire restent des phénomènes relativement passifs et lents. L'optimisation des propriétés topographiques et (bio) -chimiques de surface des implants est donc devenue depuis plusieurs années un paramètre clé du développement de biomatériaux innovants. Aux côtés des céramiques inertes comme l'alumine ou la zircone, se développent de nouveaux produits bioactifs à base d'un phosphate de calcium particulier, l'hydroxyapatite qui possède une structure voisine de celle de l'os. Dès les années 80 on recouvre les implants d'hydroxyapatite afin d'accélérer l'ancrage de l'implant en exploitant les propriétés ostéoconductrices de ce revêtement. En effet, elle sert de guide à la croissance osseuse et l'intégration dans l'organisme de l'implant est de ce fait plus rapide qu'avec le titane uniquement. Des tests de « push-out » ont d'ailleurs montré une meilleure liaison hydroxyapatite-os que titane-os (Kay J.F). Cependant un certain nombre d'échecs cuisants de dé-ostéointégration quelques années après la mise en charge d'implants dentaires revêtus d'hydroxyapatite a provoqué une désaffectation de cette technique. Mais le besoin de reculer les possibilités d'implantation dans des os de faible qualité (classe IV) et de diminuer les temps de procédures cliniques (mises en charge immédiate) revalorise l'intérêt pour ces revêtements bioactifs. L'utilisation des propriétés biomécaniques très supérieures de l'hydroxyapatite de taille, nanométrique reste une voie de recherche intéressante. La première partie de notre présentation développe la mise au point d'un procédé de revêtement de pièces en Ti-6Al-4V à partir de poudre d'hydroxyapatite de taille nanométrique par torche à plasma. Le succès de la reconstruction osseuse autour des implants dentaires dépend directement de la distribution des orientations des cristaux d hydroxyapatite du nouvel os reconstitué. La distribution des cristaux d'hydroxyapatite doit y conserver la même orientation préférentielle de l'os d'origine pour qu'il n'y ait aucune instabilité ou perturbation mécanique qui augmente le rejet du biomatériau par le corps.

Plusieurs méthodes nous permettent d'analyser les textures. La technique par diffraction est basée sur la détermination des distances inter réticulaires d'une famille de plans diffractants (hkl) servant ainsi de jauge de déformation. Cette technique de diffraction peut être utilisée dans plusieurs instrumentations notamment avec les rayons X, les neutrons et le rayonnement synchrotron. Les rayons X classiques sont fortement absorbés par la plupart des matériaux après pénétration de quelques micromètres. Cette méthode est réduite à l'analyse en surface des matériaux. L'analyse en profondeur d'une éprouvette nécessite d'éliminer successivement les couches de matériau ce qui rend la méthode destructrice.

La diffraction de neutrons permet une analyse plus profonde au coeur même du matériau. C'est pourquoi cette technique est qualifiée de « non-destructrice ». Cependant, la phase organique doit être éliminée pour réduire la dispersion incohérente des neutrons provoquée par la présence d'hydrogène. On réalise une dissécation thermique qui n'affecte pas l'orientation préférentielle des cristallites osseuses ni la cristallinité mais empêche d'autres analyses biologiques ultérieures (colorations etc.).).

Le rayonnement synchrotron combine les avantages des deux techniques précédentes. Son principe est basé sur l'accélération des électrons à haute énergie à des vitesses proches de celle de la lumière dans un anneau présentant un diamètre de plusieurs centaines de mètres. On obtient des rayons X de très haute énergie qui peuvent pénétrer dans le matériau. Cette technique permet une analyse très locale du matériau adaptée à l'étude du voisinage de l'interface sans destruction aucune de l'échantillon.

La seconde partie de notre présentation consiste à analyser la reconstruction osseuse à trois mois grâce à la diffraction neutronique et au rayonnement synchrotron sur des échantillons revêtus selon notre protocole et implanté chez le mouton. Ce travail permet d'abord de valider la pertinence du développement des revêtements d'hydroxyapatite de taille nanométrique. D'autre part, la mise au point de notre technique de la texture à proximité de l'interface implantaire pourra s'adapter à tout autre type de revêtement avec comme éléments de comparaison la cicatrisation osseuse au contact du titane, de l'hydroxyapatite et de l'hydroxyapatite de taille nanométrique.



Samuel Crequy, William Bertucci et Xavier Chiementin, université de Reims

Les vibrations, un facteur méconnu chez le cycliste : Effets sur la performance et la santé

Lors de leurs entrainements ou lors des courses, les cyclistes professionnels ou amateurs peuvent accumuler plusieurs heures sur leur vélo (2-8 heures). Durant ces périodes le corps des coureurs est soumis aux vibrations qui sont causées par le passage des roues du cycle sur les irrégularités de la route. Il est important de connaitre les effets de ces vibrations transmises par le cycle au squelette que ce soit pour un aspect de performance, mais aussi pour la santé des coureurs.

Les vibrations transmises à la main sont un facteur aggravant ou sont directement à l'origine de nombreuses pathologies. C'est le cas par exemple pour le syndrome de Raynaud, et pour le syndrome du canal carpien qui est un trouble musculosquelettique répandu chez le cycliste.

Dans le monde du travail, les travailleurs sont protégés grâce aux codes du travail qui s'appuie sur des normes et directives européennes concernant l'exposition aux vibrations transmises par la main, ce n'est pas le cas pour les pratiquants de sport.

Le but de cette étude est donc d'analyser les effets des vibrations sur le système main-bras lors du déplacement d'un cycliste sur une route pavée. Lors de l'analyse des données nous prendrons en compte prendre en compte les termes et enjeux de la législation afin d'évaluer l'exposition aux vibrations du cycliste par rapport à ces critères. Nos résultats indiquent qu'il suffit de quelques minutes seulement de déplacement sur route pavée pour atteindre les seuils acceptables dans le monde du travail. Une quantification des doses vibratoires sur une journée complète (travail + activités physiques ou sportives) semble donc fondamentale dans un but de prévention notamment des troubles troubles musculosquelettiques.



Sébastien Delacroix, Ingénieur Biomécanicien, Doctorant en Biomécanique

Laboratoire d'Analyse du Mouvement et Damien Hasdenteufel, Podologue

L'analyse du mouvement et la podologie

Le Laboratoire d'Analyse du Mouvement possède un système optoélectronique d'analyse du mouvement, permettant d'enregistrer le déplacement d'un patient équipé de mires rétro réfléchissantes. L'enregistrement du déplacement tridimensionnel de ces mires est synchronisé avec celui des actions de contact du pied au sol par l'intermédiaire d'une plate forme de forces. Toutes ces données permettent, grâce à une modélisation biomécanique, d'accéder aux mouvements ainsi qu'aux moments musculaires de chaque articulation du membre inférieur, dans les trois plans de l'espace, permettant ainsi la réalisation d'une Analyse Quantifiée de la Marche (AQM).

La podologie permet aujourd'hui, de manière complémentaire aux autres thérapeutiques, de prendre en charge des pathologies de l'appareil locomoteur, principalement des membres inférieurs. Quels sont les grands principes, les différentes techniques utilisées ? Les orthèses plantaires thermoformées, technique novatrice, principe et concept.



Thibault Marin, ostéopathe, Laboratoire de recherche ESO, William Bertucci et Mickaël Soudain-Pineau,

université de Reims

Validité de l'observation visuelle de la posture statique dans l'examen ostéopathique

Introduction: Visual observation of the posture allows determining the primary areas to be tested and treated. Our objective is to assess the

validity of this subjective observation compared to an objective measure. Influence of qualitative criteria (gender, years of experience, master eye, ametropia) is also assessed.

Methods: Picture acquisition and objective measurement protocol

Ten pictures are taken in constant specific conditions of camera orientation and lighting. With the help of a computer, we measure the translations (precision = 1cm) and tiltings (precision = 0,1°) of the pelvic and scapular girdle.

Subjective observations The observing population is composed of 108 practitioners or soon to be practitioners in osteopathy, 66 women and 42 men, age 18 to 44 years old (mean age is 23 ± 3,2 years old). Each promotion (from first to sixth year) is represented by 18 ± 1 practitioners. Each of them observes the pictures one after the other and assesses subjectively translations and tiltings on a seven degree scale.

Findings: Validity of visual observation ranges from 60% to 85%, depending on the permitted margin of error. No significant difference is found regarding gender, level of experience or master eye. Regarding the ametropia criterion, emmetrops' observations are significantly better than the ones of astigmatic farsighted (0,40 versus 0,55, with p<0,04).

Discussion: Visual observation is valid admitting a 15 to 40% margin of error; this disputable result confirms that the other steps of the osteopathic protocol remain necessary. Using simple equipment - such as a plumb line, a laser, a squared wall, etc - could greatly improve its validity.

The present study could be reproduced with tridimensional projections for more realistic experimental conditions; other criteria than translations and tiliting of the girdles should also be investigated. Finally, intra-observer reproducibility should be assessed as well.

Keywords: osteopathy, observation, clinical exam, posture.